mercredi 26 juin 2013

“Cette énorme Statue (a) fait juger à plusieurs savants que les anciens peuples de ce Royaume avaient le secret de fondre la pierre” (Thomas Corneille - XVIIe s.- à propos du Sphinx)

Cliché de Zangaki
De dix-neuf ans le cadet de son frère Pierre, le célèbre dramaturge auteur du Cid, Thomas Corneille (1625-1709) est l’auteur du Dictionnaire universel géographique et historique contenant la description des royaumes, empires, états, provinces, pays, contrées, déserts, villes, bourgs, abbayes, châteaux, forteresses, mers, rivières, lacs, baies, golfes, détroits, caps, îles, presqu’îles, montagnes, vallées, la situation, l’étendue, les limites, les distances de chaque pays, la religion, les moeurs, les coutumes, le commerce, les cérémonies particulières des peuples et ce que l’Histoire fournit de plus curieux touchant les choses qui s’y sont passées, le tout recueilli des meilleurs livres de voyages et autres qui aient paru jusqu’à présent.
La fin de cet interminable titre annonce la méthode de l’auteur : selon toute vraisemblance, il n’a rien connu personnellement de l’Égypte, mais s’est contenté d’une compilation, avec tous les risques d’approximations ou d’inexactitudes que cela comportait.
Voici comment est décrit le Sphinx :

“Devant chacune des trois pyramides, on voit encore des vestiges de certains bâtiments carrés, qui semblent avoir été autant de temples, et à la fin de celui de la seconde pyramide, il y a un trou, par lequel quelques-uns croient qu'on descendait dans le temple pour aller consulter l'Idole, qui était éloignée de ce trou de quelques pas, et qui avant la venue de Jésus-Christ, rendait réponse de ce qu'on lui demandait, dès que le Soleil était levé.
Les Arabes nomment cette Idole Abou el Haoun, c'est-à-dire, père de Colomne, et Pline l'appelle Sphinx, et dit que ceux du pays prétendent que le Roi Amasis soit enterré en dedans. C'est un demi corps sans bras, comme une manière de terme posé sur une base convenable au vaste Colosse qu'elle soutient. Il représente une femme avec son sein, et est d'une prodigieuse hauteur. La tête a près de cent pieds de tour, et soixante depuis le menton jusqu'au sommet. Le nez est proportionné au reste, et les oreilles sont d'une étendue démesurée. 
Ce buste d'une si monstrueuse grosseur est tout d'une pièce, creux par dedans, et la pierre dont il est fait approche beaucoup de la beauté du marbre. Cette énorme Statue, avec la colonne d'Alexandrie, et les obélisques d'une excessive hauteur qu'on a trouvés dans l'Egypte, ont fait juger à plusieurs savants que les anciens peuples de ce Royaume avaient le secret de fondre la pierre, et d’en pouvoir faire des masses de la grandeur qu'ils voulaient.”

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