jeudi 13 juin 2013

“L'étrange et mystérieux sourire” du Sphinx, selon Jean Bayet (XXe s.)

L’ouvrage Égypte, publié par Jean Bayet (1882-1915) en 1911, mérite assurément  de faire partie de la collection “Les beaux voyages” (éditions Les arts graphiques - Vincennes).
Détenteur de deux licences, en Lettres et en Droit, Jean Bayet, attaché au ministère de l’Instruction publique, s’est consacré à l'histoire de l'art . Il collabora régulièrement à l’édition du dictionnaire Le Larousse qui paraissait alors sous forme de fascicules mensuels.
Le “féerique”, par lequel a été décrit le charme du voyage, est présent sous la plume de Jean Bayet, avec une pointe de lyrisme qui n’est pas pour nous déplaire, un siècle plus tard.
Illustration avec cette brève description du Sphinx du plateau de Guizeh.

Cliché de James D. Robertson (XIXe s.)

“Il faut s'isoler, pour méditer à l'aise ce spectacle prodigieux : la statue colossale du Sphinx couché, derrière laquelle s'érigent trois signes fantastiques, trois énormes triangles. Alentour, la solitude, les sables. Spectacle déconcertant, qui, dans son aspect demi-ruiné, semble pourtant consacrer l'éternité de la pierre, en face des éphémères générations des hommes.
De loin, le Sphinx, dont l'origine se perd dans la nuit des temps : sa tête énorme, ses épaules robustes, taillées dans un roc solide, émergent, luttant contre le sable qui l'envahit et paraît vouloir l'ensevelir.
L'artillerie de Mohammed-Aly le battit en brèche ; son nez est emporté, sa figure déformée ; mais la main des hommes n'a pu détruire l'impénétrable sourire qui se dessine, au-dessus de son menton saillant, l'étrange et mystérieux sourire, qui vous fascine et vous obsède.
Certes, il est loin, le temps de l'antique splendeur, où le colosse trônait, au milieu d'une esplanade dallée, à jamais ensevelie. Les trous n'avaient pas ravagé sa face, que des peintures et des enduits paraient, dit-on, d'une merveilleuse beauté. Pourtant, on reste

interdit en face de cette figure impassible, tournée vers le soleil levant qui, depuis cinq mille ans, contemple l'Egypte couchée à ses pieds.”

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